LIBRE
Ce vendredi midi, Jo avait invité Jef au restaurant pour arroser sa promotion dans l’entreprise. Au moment de passer la commande, Jo choisit le tournedos et le conseilla à son ami qui, lui, préféra prendre un filet de merlan. « Ah, parce que c’est vendredi, » s’exclama Jo, « toi et toujours ta religion, tes interdits, tes obligations et tes commandements… ! dix commandements rien que ça … ! »
Mais, mon pauvre Jo, tu as tout faux, rétorqua Jef en souriant. Dans ma religion, il n’y a pas d’interdits, pas d’obligations, pas de commandements comme tu l’entends… ! rien de tout cela… ! dans ma religion, comme tu dis, je suis libre, libre de choisir…
Tu me rappelles une histoire qui m’est arrivée l’été dernier… On avait prévu avec mes neveux de faire une sortie en vélo. A un embranchement, Kiki, l’un de mes neveux, me dit vouloir prendre un chemin autre que celui que nous avions décidé de prendre. Il était, soi-disant, plus facile, il ne grimpait pas autant que le nôtre, et il passait à travers la forêt. Moi, qui connaissait bien le coin, je lui ai déconseillé de prendre ce chemin. Au bout de 500 mètres, il trouverait des cailloux, des ornières, des flaques d’eau, des passages scabreux où il risquait de tomber et de se faire très mal. Je lui ai renouvelé mon conseil mais je l’ai laissé faire comme il voulait. Rien à faire, il décida de passer outre et il partit sur son fameux chemin. Seulement, le soir vers 17 heures, il n’était plus avec nous… et j’étais malheureux de la décision qu’il avait prise, je craignais le pire pour lui, si bien que je suis parti à pieds, à travers champs pour couper et rejoindre, avec pas mal de difficultés, le chemin en question… Et j’ai aperçu mon neveu, malheureux comme les pierres, avec des genoux ensanglantés, avec une roue de vélo voilée et un pneu arrière crevé… C’est mon neveu, je l’aime bien, Il a bien fallu que je le ramène vers les autres… je ne lui ai rien dit…il était assez malheureux comme ça du choix qu’il avait fait … je l’avais laissé libre, je ne lui avais rien interdit, je ne l’avais pas obligé de nous suivre … Il était libre… !
Eh bien, tu vois, ma religion comme tu dis, elle est un peu comme ça ! … Tu crois pas que Dieu aurait pu prendre Eve par le bras avant qu’elle ne cueille cette fameuse pomme… et l’emmener loin de cet arbre… ? Eh bien non, parce qu’il l’aimait, il l’a laissée libre, et il a respecté son choix…
Cela dit, avoir cette liberté, c’est pas de tout repos… parce que des choix à faire, toi et moi nous avons à en faire tous les jours… quand j’ai envie de dire du mal d’untel, je suis libre de faire silence ou de dire une mauvaise parole… quand je choisis un tour en vélo le dimanche matin plutôt que d’aller à la messe, je suis libre, … tout ça pour te dire que dans cette religion qui te pose tant de questions, notre Dieu ne nous oblige pas, ne nous impose rien, il nous « propose »… Et c’est à nous de choisir, de Le choisir ou de choisir autrement… pas toujours facile et évident…!
Jef n’avait pas fini sa phrase que le serveur arrivait à leur table. « Un tournedos pour Monsieur, un filet de merlan pour Monsieur »… les deux amis se regardèrent en riant. « Tu es libre de déguster ton tournedos, Jo, …laisse-moi libre de choisir mon merlan… ! Le vendredi, c’est le jour du poisson… ! »
Dominique YÈME, Diacre permanent
Jésus, la Vérité de Dieu qui rend libre.
Jésus disait à ces Juifs qui maintenant croyaient en lui :
« Si vous demeurez fidèles à ma Parole, vous êtes vraiment mes disciples ; alors vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. » Jean 8, 31
Croire en Dieu, en son Fils Jésus n’a jamais été évident. Il n’est pas possible d’imposer la foi à quelqu’un. Croire est un acte souverainement libre et personnel. C’est une rencontre personnelle avec Dieu. Ceux qui en font l’expérience donnent une nouvelle dimension à leur vie.
Après la Résurrection du Christ, il est venu lui-même sur le chemin d’Emmaüs pour éclairer ses propres disciples. Il a rencontré l’apôtre Paul qui a cru en Lui et qui a évangélisé les pourtours de la Méditerranée. Après les trois premiers siècles où être chrétien dans l’Empire Romain conduisait souvent au martyre, il y a eu des valeureux témoins de la foi. Avec la Pax Romana, il est devenu presque naturel d’être baptisé et de vivre sa foi chrétienne. La communauté des croyants en Jésus est née comme l’œuvre de l’Esprit reçu le jour de la Pentecôte.
A travers la vie des chrétiens depuis 2000 ans, l’Esprit est à l’œuvre. C’est Lui la Vérité de Dieu qui rend libre, fort, bon. Il remplit les cœurs d’amour et de bienveillance.
Aujourd’hui encore, l’Esprit Saint est donné par Jésus qui nous l’avait promis. Ceux qui sont baptisés l’accueillent par l’onction du saint chrême, à la confirmation il est conféré comme un cadeau aux sept dons. L’Esprit Saint nous introduit dans le secret de Dieu pour mieux comprendre et vivre avec Jésus. C’est dans ce sens que nous pouvons comprendre la pensée de St Jean de la croix : “Dès lors qu’Il nous a donné son Fils, qui est sa Parole, Dieu n’a pas d’autre parole à nous donner. Il nous a tout dit à la fois et d’un seul coup en cette seule Parole et il n’a rien de plus à dire ; car ce qu’Il disait par parties aux prophètes, Il l’a dit tout entier dans son Fils, en nous donnant ce tout qu’est son Fils.” Nous avons tout en Jésus, lui le Tout de Dieu.
Dieu nous aime, par la force de l’Esprit soyons ses témoins dans nos vies.