Jef était très concentré au volant de sa voiture …la route n’était pas facile, les virages, les épingles à cheveux se succédaient sur cette petite route étroite qui serpentait dans la montagne. A sa droite, Théo, un ami, le guidait et lui signalait à l’avance les passages difficiles. Derrière eux, Jo, dans sa propre voiture, suivait.
Tous allaient chez Théo pour passer quelques jours de repos. Les deux voitures étaient en relation par téléphone (fonction mains libres bien entendu … !) Mais Jo s’énervait sur cette route à virages serrés au point qu’à un moment, il avertit les amis qu’il suivait :
Trop compliquée, votre route, j’ai vu la carte, je prends la première à droite et je rejoins l’autoroute. On se donne rendez-vous chez Théo.
Théo entendant cela lui déconseilla de changer d’itinéraire, mais il le laissa libre de son choix. Jef et Théo continuèrent, Jo partit vers la droite. Une demi-heure plus tard, Jo appelait ses amis :
Il y a eu un accident sur l’autoroute, je suis pris dans un bouchon, j’arriverai avec du retard…
OK on t’attend pour l’apéro , répondit Jef….
Mais quelques quarts d’heure plus tard, nouvel appel de Jo….
Euh…. en fait, Euh… voila, je crois que je suis perdu… je ne retrouve pas la D 214 qui mène chez vous ….Il fait nuit, il pleut, je ne sais pas trop où je suis.
Jef ne put s’empêcher de dire :
Si tu étais resté avec nous … mais Théo lui fit signe de ne pas continuer …
Eux, ils étaient arrivés à destination, au chaud, et n’avaient qu’à attendre leur ami. Théo prit le téléphone et questionna Jo pour savoir où il était exactement. Il lui donna alors les consignes pour retrouver la bonne route …
Ecoute, Jo, tu vas prendre sur ta gauche la D34, et tu vas la suivre… je t’envoie Yann, mon fils, il va aller à ta rencontre et il te guidera jusqu’ici …reste prudent, on s’occupe de toi.
Jef n’en revenait pas. Théo n’avait rien dit, pas un mot de reproche ou de moquerie à l’encontre de Jo. Lui, Jef, bouillait de lui dire qu’en les abandonnant, Jo l’avait bien cherché, que si Théo les avait fait passer par là c’est qu’il avait une raison, que c’était bien fait pour lui …. Mais…non…! Théo n’avait rien dit de tout cela…ils s’étaient mis en quatre, lui et son fils, pour aller chercher Jo et le remettre sur la bonne route …
Sur la cheminée de la salle, Jef aperçut un joli cadre… Un dessin très sobre, représentait un père accueillant dans ses bras un fils qui se blottissait contre lui… Il n’en fallut pas plus pour que Jef comprenne… Cela lui rappela très vite la parabole du fils prodigue … Théo qui aimait sans doute beaucoup ce dessinateur, avait pris modèle sur ce Père qui accueille le fils perdu …
L’homme qui quitte la route prévue, qui trouve tous les ennuis possibles, qui se sent perdu, qui appelle au secours, et le père qui accueille, le Père qui envoie son fils au-devant du perdu, pour qu’il retrouve son chemin…
Mais c’était tout simplement l’histoire de l’humanité et de Dieu que Jef était en train de vivre …
Vous avez dit Miséricorde …?