Au palais du gouverneur Pilate, une scène dramatique se joue. Parmi les chefs d’accusation de Jésus, arrêté pour sédition, des témoins soutiennent qu’il prétend être roi. Pilate, le procurateur, demande à Jésus : « Alors, tu es roi ? » Jésus répond : « C’est toi-même qui dis que je suis roi. Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la Vérité. Quiconque appartient à la Vérité écoute ma voix. » Pilate lui dit : « Qu’est-ce que la Vérité ? » Ayant dit cela, il sortit (Jean 18,37-38).
Pilate, ce responsable politique, est face à un homme (Jésus) qu’il estime honnête. Il ne comprend pas comment il se trouve mêlé à une situation qui provoque le désordre dans la population. Pilate est convaincu de l’innocence de Jésus : « Il sortit de nouveau à la rencontre des Juifs, et leur déclara : « Moi, je ne trouve en lui aucun motif de condamnation » » (Jean 18,38). Pourtant, au lieu de sauver l’innocent accusé injustement, Pilate s’en lave les mains. Voulait-il préserver sa place et les avantages qui y sont attachés ? Pilate connaît la Vérité mais ne veut pas l’assumer.
Jésus dit qu’il est venu pour la Vérité. Quelle est donc cette Vérité que Jésus est venu proclamer ? Pendant trois ans, avec ses disciples, il parcourt le pays des Juifs pour annoncer l’Amour de Dieu, son Père. Ce message est une révolution spirituelle et culturelle pour les Juifs. En effet, depuis Moïse (-1250 ans avant Jésus), la vie des communautés juives était construite autour de 248 interdictions et 365 obligations.
Il y avait les respectables : les prêtres, les docteurs de la loi, les scribes, les pharisiens, les sadducéens… les fidèles de Dieu qui respectaient scrupuleusement la Loi et les prophètes. Ils se considéraient comme des purs, des bien-aimés de Dieu. À l’inverse, les usuriers, les fêtards, les pauvres, les malades, les reclus (handicapés, lépreux, prostituées), les étrangers, les impurs, ceux qui pactisent avec l’occupant, sont des mal-aimés de Dieu.
La Vérité que Jésus est venu proclamer, c’est que Dieu aime tout le monde sans discrimination. Une Vérité scellée dans la mort de Jésus. Elle est exaltée par sa résurrection. À la suite de Jésus et de ses disciples, l’Église rappelle, proclame et vit cette Vérité. L’affirmation de Jésus : « Aimez Dieu et votre prochain comme vous-même » (Marc 12, 31) devient l’expression par laquelle on reconnaît les authentiques disciples du Christ.
Aujourd’hui encore, la question de Pilate est toujours valable. Sa réponse n’est pas dans une rhétorique philosophique, morale ou sociale. Ce n’est pas de l’ordre de la définition. On nous dira que la Vérité n’est pas une ; d’autres répondront « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà. » Mais il faut reconnaître que, devant les graves problèmes sociaux et éthiques que nous traversons (euthanasie, avortements, transgenre, négation et refus de Dieu, guerre, manipulation des consciences, duplicité, la toute-puissance de l’Internet…), on se demande : qui nous dira la Vérité ?
Pourtant, elle est déjà dite et vécue, la Vérité. Dieu nous aime, notre vie est un magnifique cadeau qu’il faut apprécier et sauvegarder. La fraternité humaine est possible si on se laisse instruire par Celui qui s’est livré pour nous. Jésus est le Chemin, la Vérité et la Vie. Dieu en Jésus est la plénitude de la Vérité. Et cette Vérité nous rend libres dans l’amour et l’espérance.
À ce propos, voici ce qu’en disait, de son vivant, le Pape Benoît XVI : « Sans être orienté vers la vérité, sans une attitude humble et courageuse de recherche de la vérité, toute culture se désagrège, tombe dans le relativisme et se perd dans l’éphémère. Le sens de la vérité est la pierre qui doit fonder toute culture solide. Sans recherche de la vérité, on ne peut s’appuyer sur rien. Tout devient liquide. »
Ce qui peut faire demeurer dans la Vérité, c’est le cœur à cœur avec Dieu. Dans la prière et la méditation, on parle à Dieu et Lui, il nous répond dans un dialogue qui construit et rassure. Saurons-nous entrer dans ce colloque ?